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Opération expérimentale du contrat de restauration du fleuve Rhone à Miribel Jonage, la remise en eau de la lône de Jonage débutée au printemps 2019 s’achève. Grâce aux enseignements tirés, une seconde phase est à l’étude. On vous explique tout.

Retour aux fondamentaux : pourquoi une remise en eau ?

La lône de Jonage, d’une longueur de 1 600 m, suit le tracé d’un ancien bras du Rhône qui s’est progressivement déconnecté et asséché. La création de deux canaux de Miribel et de Jonage au début du XXème siècle a fortement modifié le fonctionnement hydraulique de l’île. Résultats : un abaissement généralisé de la nappe alluviale, un assèchement des zones humides, une perte de biodiversité. En expérimentant une remise en eau de cette lône grâce à une prise d’eau sur le canal de Jonage, il s’agissait donc de recharger la nappe, mais aussi de recréer des milieux humides typiques des annexes fluviales du Rhône.

Les étapes du projet

Avant d’injecter de l’eau dans la lône, il a fallu modeler le lit. D’importants travaux de terrassements ont été réalisés sur une longueur de 1,6 km, en créant des secteurs d’écoulement et des faciès variés, qui ont fait l’objet de plantations. Puis la prise d’eau gravitaire sur le canal a été construite, avec la possibilité d’injecter jusqu’à 2m3/seconde via cinq tuyaux.

Dès le début du projet, des questions subsistaient sur les effets de cette remise en eau. En effet, les terrains étaient très hétérogènes, leur perméabilité difficile à évaluer. C’est pourquoi, il a été décidé d’expérimenter différents niveaux de débit et surtout de mesurer en fonction de ces débits la zone en eau, ses effets sur la nappe (qualité de l’eau et hauteur) et sur le puits des Vernes, captage pour l’alimentation en eau potable assez proche. Un suivi morphologique et écologique a également été réalisé. L’enjeu était de trouver le débit d’équilibre permettant de stabiliser la lône.

Des résultats confirmant l’intérêt de l’expérimentation

Seul le débit généré par une des cinq vannes (soit 0,4 m3/s) a été testé, car la lône, une fois remplie, a continué son extension en surface, notamment à son exutoire, en raison de terrains insuffisamment perméables. Cette extension a notamment submergé un sentier VTT.
Les effets sur la nappe ont été probants, avec une réhausse de cette dernière de près de 1,1 m tout près de la lône et de 0,15 m jusqu’à deux km vers l’Ouest. La qualité de l’eau est restée bonne au niveau du captage des Vernes. Sur le plan écologique, les résultats sont très encourageants : rapidement des nouveaux habitats avec leurs cortèges d’espèces associées, dont certaines remarquables*, se sont installés : herbiers aquatiques vivaces, roselières, …et la lône a accueilli un peuplement piscicole conséquent qui a transité via la prise d’eau sur le canal.
Malgré ces résultats positifs, avec ce débit, la lône n’a pas trouvé son fonctionnement d’équilibre et des questions subsistent sur les risques de transfert vers le captage du puits de Vernes en cas de pollution du Rhône.
Le 9 juillet, la vanne d’alimentation a donc été momentanément fermée. La lône est aujourd’hui vidée de son eau, le temps de bâtir la méthodologie de la prochaine expérimentation. Et les poissons qui avaient élu domicile dans ce nouveau milieu ont été pêchés et rendus au canal de Jonage ! A suivre, donc.

* suspicion de Potamot perfolié, Groenlandie dense