Alors que la lône de Jonage retrouve l’eau, la forêt alluviale qui l’entoure fait elle aussi l’objet d’une attention particulière. Écosystème rare, aujourd’hui menacé par la baisse de la nappe phréatique et le changement climatique, la ripisylve entre en phase de suivi écologique à long terme, avec l’espoir que la remise en eau puisse infléchir son évolution.
Une forêt fragilisée
Sur l’île de Miribel Jonage, la forêt alluviale connaît depuis plusieurs années une transition marquée : les espèces de bois tendre comme les peupliers laissent progressivement place aux bois durs, comme les chênes. En cause : la baisse du niveau de la nappe, liée à la déconnexion du Rhône, mais aussi les sécheresses et canicules répétées qui empêchent la régénération naturelle de certains peuplements.
Ramener l’eau, soutenir la forêt
La remise en eau de la lône de Jonage pourrait jouer un rôle clé dans l’équation. En réhaussant localement la nappe alluviale et en restaurant une certaine humidité dans les sols, elle pourrait favoriser le maintien de milieux humides typiques et ralentir la transformation en cours de la ripisylve.
Un suivi écologique complet
En lien avec le Plan National d’Action sur les forêts alluviales du Rhône et l’Epipactis du Castor, un programme de suivi pluriannuel est mis en œuvre avec le Conservatoire Botanique National du Massif Central sur la lône de Jonage. Il vise à :
- Évaluer les effets de la remise en eau sur la forêt alluviale,
- Identifier les dynamiques végétales à l’œuvre,
- Améliorer les connaissances écologiques sur ce type de milieu.
Pour assurer ce suivi, 16 placettes seront équipées de sondes électroniques pour mesurer la température et l’humidité du sol et de l’air et permettre d’apprécier les microclimats.
Ces observations seront croisées avec différents relevés effectués sur site :
- La piézométrie (carte des niveaux d’eau de la nappe alluviale),
- Relevés phytosociologiques, qui documentent les espèces présentes dans les strates arborées, arbustives et herbacées,
- Relevés bryologiques, centrés sur les mousses présentes sur les troncs : bio-indicatrices précieuses, elles informent sur la fréquence des crues passées et l’humidité du sol.
Les données recueillies seront mises en perspective avec les relevés menés depuis 2006 par l’ONF sur le Grand Parc.
Une zone témoin, hors de l’influence directe de la remise en eau, est également suivie pour permettre des comparaisons dans le temps.
La forêt alluviale est très dépendante de la ressource en eau. Le Conservatoire Botanique National du Massif Central assurera un suivi pour identifier les bénéfices de la mise en eau de la lône sur la forêt.
Les bryophytes (mousse) sur les troncs d’arbre seront relevées par le Conservatoire Botanique National du Massif Central. Ceux-ci sont d’excellents indicateurs de l’état de santé de la forêt alluviale : les variétés de bryophytes diffèrent selon l’humidité et la présence de limons sur les troncs (déposés lors de crues).
À travers ce suivi, les gestionnaires du Grand Parc entendent mieux comprendre l’avenir de cette forêt alluviale emblématique. La ripisylve devient ainsi non seulement un témoin des effets de la restauration hydrologique, mais aussi un indicateur d’adaptation aux enjeux climatiques à venir.