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Comment a réagi la lône à la mise en eau de mai dernier ? Où en est-on du débit d’alimentation ? Quels effets sur la nappe souterraine, la qualité de l’eau ? Après 4 mois, le temps d’un premier bilan arrive, pour éclairer la suite de l’expérimentation.
Entretien avec Agnès Blachère, du bureau d’études Césame, en charge du suivi.

Quels enseignements peut-on tirer de cette première phase d’expérimentation ?

 

D’abord la mise en eau de la lône, le 16 mai dernier, s’est bien passée, et 15 jours après la lône était entièrement remplie, avec un débit  d’alimentation de 400 à 500 l/seconde. Depuis le niveau d’eau dans la lône ne s’est toujours pas stabilisé, il continue d’augmenter et les espaces en eau également, notamment au bout de la lône, où la zone d’infiltration prévue pour évacuer les excédents de débits n’est pas suffisamment perméable. La bonne nouvelle est qu’il y a dans la lône une bonne capacité d’infiltration qui permet d’alimenter la nappe. Celle-ci s’est rehaussée de plus d’1 m sous la lône et de 50 cm dans le secteur du Puits des Vernes. Les analyses que nous faisons montrent que cette infiltration vers la nappe n’a aucun effet sur la qualité de l’eau captée dans le Puits des Vernes, ce qui est très rassurant, puisqu’il s’agit d’un captage d’eau potable.

Avez-vous eu des surprises durant cette phase, des événements que vous n’aviez pas prévus ?

Nous avons dû changer une sonde immergée défectueuse fin juin. Pour cette opération, il a fallu fermer la vanne d’alimentation en eau et en 15 heures la lône s’était vidée. Nous avons alors découvert que de nombreux poissons avaient transité par le tuyau provenant du canal, des carpes, des brochets, parfois assez gros. Le problème est qu’une fois dans la lône, ces poissons ne peuvent plus en sortir. Il n’est pas garanti qu’ils survivent, mais si c’est le cas, la poursuite des « captures » par le biais des tuyaux pourrait conduire à une prolifération de poissons qu’il sera nécessaire de réguler pour éviter une  sur-mortalité.
L’autre « surprise » est que la perméabilité des sols, ne permet pas que toute l’eau s’infiltre dans le sous-sol (le niveau continue à monter malgré un bon taux d’infiltration). Les estimations de perméabilité réalisées lors des études amont restent soumises à des marges d’erreur importantes, d’autant que les terres ont beaucoup été « brassées » pour les terrassements.  Nous nous interrogeons aussi sur l’apport, via les tuyaux d’alimentation en eau, de matériaux qui pourraient contribuer à colmater la lône au fil du temps. Toujours est-il que le débit d’équilibre « apports-infiltrations » de la lône est apparemment inférieur à celui qui l’alimente aujourd’hui.

Quelles sont les prochaines étapes de l’expérimentation ?

Un comité de pilotage est prévu en novembre, où nous allons collectivement décider des suites à donner. Parmi les questions à résoudre, il y a bien sur l’exigence de limiter l’arrivée des poissons dans la lône et « sortir » ceux qui s’y sont engouffrés. Il nous faudra également choisir le prochain niveau de débit à tester et si besoin réaliser des aménagements, comme par exemple changer des vannes d’alimentation pour les adapter à ce débit. Nous allons également regarder de près les évolutions des écoulements dans la nappe et voir si des mesures s’imposent pour les préserver de tout risque de pollution. Cela pourrait conduire à envisager d’étendre le périmètre de protection rapproché du captage des Vernes. Enfin nos naturalistes vont entreprendre un travail d’analyse des évolutions de la végétation et de la faune aux abords et dans la lône. Bien que la mise en eau soit encore récente, de nouveaux  milieux naturels sont apparus avec la mise en eau de la lône et il faut les décrire pour pouvoir par la suite juger de leur évolution.